Tags antisémites sur l'oeuvre d'Anish Kapour
Résistance contre les tags antisémites
«Qui pourra encore dire que «l’art ne sert à rien»?La sculpture monumentale Dirty corner de l’artiste britannique Anish Kapoorne laisse en tout cas pas indifférent et a fait l’objet de vives critiques, notamment en ce qui concerne sa présence sur l’axe principal du jardin du château de Versailles.
Anish Kapoor n’est pourtant pas le premier artiste à y exposer –c’est le huitième- mais aucun deses prédécesseurs n’a eu à subir autant de réactions aussi « allergiques ». C’est d’autant plus navrant que ses œuvres sont d’une très grande poésie.
Haute de 10 mètres sur 60 mètres de long, la sculpture actuelle, faite d’acier rouillé, revêt des connotations sexuelles évidentes, à fortiori pour ses détracteurs qui appuient négativement cet aspect etl’ont nommée Le vagin de la reine.
Si les critiques verbales posent des questions sur ce que renvoient les œuvres et la tolérance ou non qui en découle, les actes de vandalisme constituent un pas franchi inadmissible et condamnable, tout particulièrement lorsqu’il il s’agit de tags antisémitescomme ici.
La sculpture a en effet été vandalisée trois fois en trois mois. La 1ère fois, l’œuvre a reçu des projections de peinture jaune et a été rapidement nettoyée. La 3ème fois, le jeudi 10 septembre, la phrase peinte en grand, en anglais, et traduite par « Respecte l’art comme tu crois en Dieu » laisse planer des ambigüités quant aux objectifs des auteurs : sont-ils favorables ou non à la sculpture ?
En revanche, les tags antisémites découverts la 2ème fois dimanche 6 septembre sont sans aucune ambigüité et Anish Kapoor, très justement, s’est montré horrifié et d’une grande tristesse face à « une telle haine de l’autre ».
Par ailleurs, que viennent dire ces tags sur la sculpture ? Cette association démontre à n’en pas douter que les détracteurs n’exercent pas de simples critiques mais agissent sur la base de thèses nazies concernant l’Art Dégénéré associé « au peuple Juif dégénéré ». De plus, Il est permis de s’interroger sur le lien qui a été fait entre ces tags antisémites et le caractère sexuel de l’œuvre. Les relents abjects de perversion sexuelle des Juifs, tous droits sortis des thèses du nazisme, ne remonteraient-elles pas à la surface ?
Pour autant, Anish Kapoor a estimé, en accord avec la présidente du domaine, que ces insultes ne seraient pas retirées, puisque «les mots infâmants font désormais partie de l’œuvre», en tant que « mémorial à notre honte ». Des panneaux explicatifs devaient être mis en place (à ce jour, nous ignorons ce qu’il en est).
Néanmoins, Anish Kapoor a souhaité par la suite se donner un peu de temps pour décider s’il convenait d’effacer ou non les tags qui évoquent pour lui « un enterrement de la culture ». Mais nous savons tous à Liberté du Judaïsme que nous n’avons pas le droit d’admettre cet « enterrement » et nous ne pouvons qu’en appeler encore et toujours à notre résistance contre toute haine de l’autre.
D.W. et F.D. le 12/09/2015
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