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Témoignage de Madeleine Jacubowiez à la cérémonie de Yizkor 5779
Madeleine Barszczewski-Jacubowiez • 16 septembre 2018
Ce dimanche 16 septembre 2018 s'est déroulée, comme chaque année, la commémoration de la Shoah/Cérémonie de YIZKOR 5779 au cimetière parisien de Bagneux. Lors de cette commémoration, des interventions très fortes ont rappelé la responsabilité qu'il nous incombe à toutes et tous de se souvenir et de transmettre; responsabilité d'autant plus grande à mesure que les survivants de la Shoah s'éteignent peu à peu, le décès récent de Marceline LORIDAN-IVENS nous le rappelle. Parmi les interventions, nous vous transmettons celle de Madeleine Barszczewski-Jacubowiez que nous remercions beaucoup pour son accord de publication et son témoignage poignant. Ce témoignage a été lu en yiddish et nous vous présentons cette version ainsi que la traduction française (en bas de page).
Yiddish
Yizkor
Gedenken ?
Vi volt men gekent fargesen ? Es is ummeïglekh far unser dor.
Mir zenen geveïn kinder in di shvratze yorn. Bahaltene kinder Deshrokene kinder.
Ikh vel redden fun mir. Nor in numen fun ale vos hobn ibergeleibt di zelbe gesheïenishn mit farshedene mayses, nor mit dem zelbn goyrl.
Meïn tate, Idle Korman is geven a communist. Er hot gehert zu dem M.O.I. un is geven Adam Raysky's elfer. Er is arestirt gevoren in yuni 1943 zuzamen mi 71 khavayrim vos di Speciele Brigade fun di Fransoyzishe politseï hobn norgegangen bes tzveï monaten.
Nokh a shveïre oysforshung, nokh a por monatn in tvise, nokh Drancy is er deportirt gevoren keïn Auschwitz und areyn in der satelit lager Monowitz vu di mene obn geharbet vi knert. Dokh is er tsurikgekoumen.
Oyb ikh dertseïl dos eint is tsu dermonen az di yidn hoben zikh nit gelost argenen vi shepsn.
Meïn mame
is arestirt gevorn mit dem zelbn grupe. Deportirt fun Drancy dem ershten Oygust is zi areïn in blok 10 in Auschwitz, der blok vu Mengele ot gemart meshuguene medicale forshungen. Zi is tsurikgekoumen mit a klein grupe froyen vos zeynen geblibn tsuzament di gantse tseyt fun di deportatsie un zeï hobn zikh geholfn.
Oyb ikh dertseïl dos eint is tsu dermonen az un di solidaritet volt mï mame un ire khavetes nicht gekent iberlebn azelkhe yesurim un zikher nicht gekent tsurikgekoumen.
Ikh bin gevein bahaltn.
Tsum ershtn in a klein protestante shtetl leiben Niort, nokh dem in a laish internat noent fun Lyon.
Nokh di bafreïung fun Frankreïkh, vartndik oyf dem umgleïblekh tsurikum fun meïne eltern, hobn friend fun zey mir oyf genumen bey zikh in der heym.
Oyb ikh dertseïl dos eint is tsu dermonen az oyb nit di ale mutike mentshn, di ale tzadikim volt ikh nit geveïzn du redendik tsu eïkh.
Fun Frankreïkh zenen deportirt gevorn seks un zibetsik toyznt yidn, di merheït zeïnen geharget gevoren.
Un ver redt nokh fun Poyln un fun di andere mizrekh lender vu unzer zeider-bobe un unzer gantse mishpore zeinen farshvunden gevoren. Millionen mentshn !
Nou, vi keinen mir fargessen ?
Madeleine Barszczewski-Jacubowiez
Français
Iskor
Se souvenir ?
Comment pourrait-on oublier ? Oublier est impossible pour notre génération. Nous étions enfants durant ces années noires. Des enfants cachés, des enfants effrayés.
Je vais parler de moi, mais au nom de tous ceux qui ont vécu ces événements avec des trajectoires différentes mais avec un même destin.
Mon père, Idle Korman était un communiste. Il faisait partie de la M.O.I et était l'adjoint d'Adam Rayski. Il a été arrêté en juin 1943 avec 71 de ses camarades par les Brigades Spéciales de la Police Française après une filature de deux mois. Après un interrogatoire musclé, après quelques mois en prison, après Drancy, il a été déporté à Auschwitz. Il s'est retrouvé dans le camp satellite de Monowitz où les hommes travaillaient comme des esclaves ....mais il revenu.
Si je raconte cela aujourd'hui, c'est pour rappeler que les Juifs ne se sont pas laissé tuer comme des moutons.
Ma mère a été arrêtée
avec le même groupe. Déportée de Drancy le 1er Août, elle est entrée dans le Bloc 10 d'Auschwitz. Le bloc où Menguele se livrait à ses démentes expériences médicales. Elle est revenue avec un petit groupe de femmes qui sont restées ensemble et qui se sont entraidées pendant toute la durée de leur déportation.
Si je raconte cela aujourd'hui, c'est pour rappeler que sans cette solidarité de tout instant, ma mère et ses camarades n'auraient pas supportées de telles souffrances et ne seraient certainement pas revenues.
Moi, j'ai été caché, tout d'abord dans un petit village protestant près de Niort, puis dans un internat laïc près de Lyon. A la libération de la France, dans l'attente d'un improbable retour de mes parents, j'ai été recueillie par des amis à eux.
Si je raconte cela aujourd'hui, c'est pour rappeler que sans ces gens courageux, sans tous ces Justes, je ne serais pas ici pour vous parler.
De France ont été déportés 76000 Juifs dont la grande majorité a été assassinée et je ne parle pas de la Pologne et des autres pays de l'Est où ont été engloutis nos grands-parents et toutes nos familles.
Des millions de personnes !
Alors ! Comment pourrions-nous oublier ?
Madeleine Barszczewski-Jacubowiez
Les articles de LJ
Notre ami Jan Jakoubovitch est mort le 20 juin. Il faisait partie des premiers adhérents de " Liberté du Judaîsme". Il avait traversé la guerre et échappé à la Shoah. Il nous avait décrit dans la « Lettre de LJ » n° 110 ( mai 2011) son passage à l'hôtel Lutétia bien avant que celui-ci ne soit transformé en centre de d'accueil des déportés retour des camps de la mort.
Jacob Glatstein est né en 1896 à Lublin (Pologne). Il s'installe à New-York en 1914. Il meurt en 1971. Vous retrouverez ici son poème : Le Buisson Ardent.
Charles Leselbaum est né à Oran, ville où la langue espagnole était souvent présente. Ses études secondaires terminées, c’est en Sorbonne, alors Faculté des Lettres, qu’il entreprend sa formation d’hispaniste et à l’issue de ses études supérieures, il obtient un poste de lecteur à l’Université de Madrid : il y enseigne le français pendant quatre ans et confie que ce séjour lui fut précieux pour l’approfondissement de la langue. Il revient à la Sorbonne comme Assistant d’abord, puis Maître de conférences.
Ce dimanche 5 janvier 2020, Martine Jacobster Morcel, nouvellement membre de notre CA, a participé à la manifestation pour rendre justice à Sarah HALIMI,assassinée le 4 avril 2017. Martine a donné son accord pour faire partager avec ceux qui n'ont pu être présents à la manifestation, place de la République, cet envoi effectué "à chaud" et emprunt d'émotion.
Edgar, notre webmaster, nous a quittés. Après plusieurs mois de lutte face à la maladie qui lui a laissé quelques courts moments de rémission, Edgar se repose désormais et s'en va rejoindre sa femme envers qui il s'est montré d'un dévouement admirable durant sa maladie à elle.
En rappelant que Flora Novodorski, une des sœurs du livre, a été longtemps une de nos membres très active à LJ et qu'elle est toujours adhérente Avec l'aimable autorisation de David Harari de l'Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel des Juifs d’Egypte, nous vous proposons son compte-rendu de cercle de lecture autour du livre : « Mes enfants il faut que je parte » de Raymonde Novodorsqui-Frazier et Monique Novodorsqui-Deniau, Editions l’Harmattan, 2019 (199 pages).
Ginette Kolinka interviewée dans Elle après la parution de son livre : « Retour à Birkenau ».
Dans le cadre du Réseau Vigilance Universités, des Référents Racisme et Antisémitisme des Hauts de France et du Grand Est ont signé ce communiqué élaboré par Céline Masson, Isabelle de Mecquenem et Martine Benoit.
Notre ami Gérard Haddad s'est rendu l'hiver dernier dans son pays natal, la Tunisie, durant une période troublée et pleine d'interrogations. Il a publié dans la revue hebdomadaire « Réalités de Tunisie » l'article ci-après qui est un vibrant plaidoyer pour la diversité.
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